Quand est-ce qu’un amour prend fin ?

Est-ce qu’il s’éteint quand tu ne m’aimes plus ? Quand c’est fini ? Avant ?
Est-ce qu’il s’arrête quand je le décide ? Quand je rencontre quelqu’un d’autre ?
Peut-il s’évanouir au bout de 21 jours, comme une mauvaise habitude ?

Personnellement, je suis plutôt à croire qu’il doit s’éteindre en même temps que la relation. Les ruptures, j’ai pas mal expérimenté et j’ai développé comme un savoir-faire avec le temps. Mon record ? Deux semaines pour m’affranchir d’une histoire de presque deux ans. Pas mal, non ? En soit, rien de compliqué : il suffit de considérer cet amour comme avarié. La date de péremption étant dépassée, inutile de le garder ! A plus forte raison quand c’est l’autre qui a quitté ! L’amour rejeté n’ayant plus de raison d’exister, il ne reste plus qu’à le faire taire et le réduire à néant.

Mais cette fois-ci, je ne sais pas ce qu’il lui a pris… Quelque chose a résisté, a duré et ce, plusieurs mois durant. J’aurais préféré, c’est certain, que cela se passe comme les autres fois ; tout aurait été tellement moins souffrant ! Cela m’aurait aussi convenu, si cet amour avait pu voler vers quelqu’un d’autre. Nul doute qu’il aurait été agréable d’être ainsi divertie !
Mais, non, rien de tout ça ! A croire que cet amour-là répondait à ses propres lois et n’existait que pour toi.

Alors j’ai fait face à mon deuil, comme on accepte de traverser l’hiver, comme on accepte de mourir un peu… Sachant qu’un jour, de nouvelles semences, des températures plus clémentes favoriseraient une renaissance.
En revanche, j’ai oublié de faire face à mon amour…
Bien mal m’a pris ! Il s’est rappelé à moi, tel un ballon qui, peu importe la pression, remonte toujours à la surface… qui, si l’on exagère, peut même vous exploser à la figure. Ai-je exagéré ?

Je ne sais pas si c’est mon cœur qui ne souhaite plus se soumettre ou si cet amour était d’une autre qualité. Ce que je sais, c’est que, cette fois-ci, quelque chose n’a pas fonctionné.
Cela m’a fait l’effet d’un oiseau que j’aurais mis en cage. Une cage montée soigneusement par mes soins à coup de principes, de « il faut », de « c’est mieux comme ça », de blablabla… Bref une cage bien résistante, comme le mental sait les faire.
Pour autant, c’est comme si quelque part, je n’assumais pas… J’avançais, certes, mais je ne me sentais pas sereine. Sûrement qu’au fond, tout au fond, je devais percevoir le bruit sourd de cet oiseau qui, à corps perdu, se débattait dans sa cage…

Alors, j’ai décidé qu’il fallait que j’aille voir de plus près ce qu’il en était. Je me suis bien sûr équipée, préparée à toutes les représailles ! Prête à affronter griffures et coups de becs sauvages ! Je me suis approchée à pas de velours et me suis jetée comme on se jette à l’eau… J’ai osé… lever le voile !
Et de mes yeux, les deux, je me suis confrontée à l’oiseau que j’avais emprisonné.
Cela m’a soulevé le cœur, il était tellement affaibli ! Comment pouvait-il encore être vivant ?
J’ai eu beaucoup de peine à le voir en si mauvais état. De toute évidence, j’avais bien été touchée, mais pas là où je l’aurais imaginé…
Ah ! Comme j’avais l’air fine dans mon costume de cosmonaute, avec mon regard de cocker et mon cœur de guimauve !

Aujourd’hui, mon bel oiseau a repris toutes ses forces. Et quand je l’observe dans toute sa splendeur, je réalise combien un amour est vivant et précieux. Ça me rappelle comment j’aimais quand j’étais enfant… Aucun besoin de garantie ou de réciprocité… Juste l’envie de suivre cet élan de vie en soi… J’aimais, tout simplement.

Alors oui, je l’accepte et le reconnais. Je t’aime encore. Et face aux « mais » qui, dans la foulée, s’alignent les uns après les autres, comme une barrière qui voudrait m’empêcher de passer, je revendique le droit de continuer à t’aimer.
Quoi que le « on » pense, dise ou croie, cela n’a plus aucun impact ! Même toi, tu n’y peux plus rien ! Que tu m’aies oublié dans d’autres bras… Que tu m’aies vraiment aimée ou pas… Quoi que tu penses de moi… Quoi que tu fasses… Cela ne changera plus rien à ce que je reconnais vivre en moi.
Et puis, si mon amour était conditionné au tien, en serait-ce vraiment un ?

Pour autant, il n’est pas question de me faire mal avec ces sentiments ! Je ne souhaite pas m’engluer dans mon passé, ni envahir ta vie et t’empêcher d’avancer. Non, c’est plutôt devenu, comme une histoire entre moi et « moi-m’aime ». Une histoire, où, par amour pour moi, j’ai décidé de reconnaître, puis de libérer, la part que j’avais brimée en moi.

A présent, il est temps d’ouvrir la porte de cette cage.
Comme c’est émouvant de voir mon bel oiseau prendre son envol et retrouver sa liberté !
Je me demande ce qu’il va bien pouvoir en faire ! Peut-être qu’il planera un temps autour de moi, peut-être qu’il s’évaporera ou peut-être qu’il reviendra… Je ne sais pas. Tant qu’il est affranchi de toute cage mentale, de tout conditionnement… Tant que personne ne l’attrape, ni le neutralise, cela me va ! Le voilà libre de se développer sous cette forme ou une autre, de se transformer ou de se renforcer… Cela ne m’appartient plus.
Ce qui me reste à moi, c’est ce doux bonheur… d’avoir osé le rencontrer … d’avoir approché la beauté que peuvent prendre les sentiments, quand on les laisse vivre et s’exprimer.

Peut-être, qu’un jour, cet oiseau viendra te voir, toi qui m’a inspiré tout ça …
Peut-être que tu n’y verras qu’un corbeau, un pigeon ou un moineau…
Mais peut-être, qui sait ?, dans ton cœur, au fond, tout au fond, sans même le remarquer, tu sentiras, …un petit peu…. combien, vraiment, tu as été aimé.